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Les effets positifs de la chirurgie bariatrique
Article Le Fil des événements, Université Laval.
Les effets positifs de la chirurgie bariatrique sont loin d’être éphémères, montre un suivi sur 20 ans des patients qui ont profité de cette intervention
La chirurgie destinée aux personnes souffrant d’obésité morbide produit des effets positifs très durables sur la santé. En effet, les améliorations touchant le poids, la glycémie, les lipides sanguins et la tension artérielle sont toujours présentes 20 ans après l’intervention. C’est ce que révèle une étude rétrospective publiée dans la revue Obesity Surgery par une équipe de la Faculté de médecine qui pratique cette chirurgie à l’Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec (IUCPQ).
Les chercheurs ont passé en revue les dossiers des 2 615 patients qui ont subi une chirurgie bariatrique à l’IUCPQ entre 1992 et 2010. Cette intervention, dont les pionniers sont les professeurs Picard Marceau et Simon Biron, comporte deux volets. D’une part, l’ablation d’une partie de l’estomac réduit la quantité d’aliments que le patient peut consommer. D’autre part, la dérivation des enzymes digestives produites par le foie et le pancréas réduit l’assimilation de la nourriture. Comme les aliments et les enzymes digestives entrent en contact plus loin dans l’intestin, à peine 30% des calories ingérées sont assimilées par l’organisme. Le résultat global est que les patients absorbent environ deux fois moins de calories après leur opération.
Les analyses effectuées par les chercheurs indiquent que l’intervention ramène le taux de mortalité des patients à un niveau comparable à celui de l’ensemble de la population, soit 4,7% sur 10 ans. «Il s’agit d’un résultat remarquable considérant qu’un obèse morbide a un risque de mortalité de deux à trois fois plus élevé qu’une personne de poids normal», soulignent les auteurs de l’étude.
Côté poids, les patients perdent 55 kilos en moyenne et cette réduction survient pendant les cinq premières années qui suivent l’opération. Par la suite, le poids demeure remarquablement constant. Cet amaigrissement se répercute sur plusieurs paramètres métaboliques. Ainsi, 93% des patients qui souffraient de diabète retrouvent une glycémie normale et la maintiennent sans prise de médicament. Même constat pour 80% des patients qui avaient un problème de cholestérol. Quant aux patients qui souffraient d’hypertension, 64% affichent maintenant des valeurs normales et 34% ont connu une amélioration de leur état. «Aucun médicament sécuritaire pour la santé ne permet d’obtenir de tels résultats», commente Simon Biron.
À noter que les chirurgiens ont, eux aussi, amélioré leur performance en 20 ans. Le taux de mortalité périopératoire, qui se situait à 1,3% pour la période entre 1990 et 1995, a chuté à 0,2% entre 2005 et 2010. «Grâce aux progrès en imagerie médicale, on découvre maintenant de petites choses après l’opération et on intervient avant qu’elles ne causent de gros problèmes, explique le professeur Biron. L’anesthésie s’est aussi améliorée, tout comme l’expertise des chirurgiens. Le taux de mortalité périopératoire se situe maintenant sous la barre de 0,1%.»
Le nombre de chirurgies bariatriques pratiquées à l’IUCPQ a dépassé le chiffre de 600 en 2014, mais la liste d’attente comporte tout de même 3 000 noms. La situation est comparable dans les autres hôpitaux québécois qui offrent cette intervention. Pas étonnant, considérant que le Québec compte quelque 240 000 personnes souffrant d’obésité morbide. Le coût de l’intervention, soit 8 000$, constitue tout de même un frein important dans le contexte économique actuel. «Pour la moitié des patients, l’opération couvre ses frais en une seule année, si on considère ce qui est économisé en soins et en médicaments, fait valoir Simon Biron. La chirurgie bariatrique est un bon investissement pour le système de santé.»
L’étude publiée dans Obesity Surgery est signée par Picard Marceau, Simon Biron, Simon Marceau, Frédéric-Simon Hould, Stéfane Lebel, Odette Lescelleur, Laurent Biertho, Serge Simard et par leur collègue John G. Kral, de la State University of New York.