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Des petits fruits nordiques agissent sur le microbiote intestinal pour ménager le foie
Une découverte qui arrive à point nommé pour le temps des Fêtes et les excès qu’il entraîne : des chercheurs ont trouvé une façon simple de ménager le foie tout en prévenant certaines répercussions néfastes de l’obésité. Une étude publiée dans Diabetologia, la revue de l’Association européenne pour l’étude du diabète, révèle en effet que certains petits fruits nordiques contiennent des molécules anti-inflammatoires qui réduisent l’accumulation de triglycérides dans le foie et préviennent la résistance à l’insuline.
L’équipe de chercheurs du Centre de recherche de l’Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec – Université Laval et de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) a testé l’effet de polyphénols extraits de cinq petits fruits nordiques sur des souris soumises à un régime riche en sucres et en graisses. Les extraits provenant de trois des petits fruits testés, la chicouté, la busserole alpine et l’airelle rouge, ont amélioré la sensibilité à l’insuline, favorisé l’élimination de l’excès d’insuline dans le sang et réduit l’accumulation de triglycérides dans le foie.
L’hyperinsulinémie chronique contribue de façon sournoise à l’obésité et à ses complications métaboliques, rappelle le responsable de l’étude, André Marette, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche de l’Institut. « Une alimentation riche en sucres et en graisses entraîne une résistance à l’insuline. Cette condition, qui peut conduire au diabète de type 2, force le pancréas à produire plus d’insuline pour faire entrer le glucose à l’intérieur des cellules, ce qui favorise l’accumulation de graisses dans le tissu adipeux et dans le foie. Les extraits de baies arctiques que nous avons testées permettent au foie de métaboliser l’excès d’insuline qui circule dans le sang et de rétablir la sensibilité du foie à l’insuline. »
Les chercheurs croient que les polyphénols exerceraient leurs effets positifs sur la santé en agissant sur le microbiote intestinal. En effet, une mauvaise alimentation favoriserait certains microorganismes qui perturbent la barrière intestinale, laissant passer dans le sang des toxines qui causent une inflammation systémique de faible intensité; ce désordre serait à l’origine de la résistance à l’insuline. Les polyphénols aideraient à contrer le problème en favorisant les microorganismes bénéfiques et en restaurant l’intégrité de la barrière intestinale. « Ce n’est peut-être pas le seul mécanisme en cause, mais il est clair qu’en rétablissant le microbiote intestinal et l’intégrité de l’intestin, nous avons amélioré l’axe intestin-foie et favorisé une fonction hépatique plus normale chez les souris obèses », résume le professeur Marette.
Si les résultats de cette étude étaient confirmés chez l’humain, les personnes obèses qui affichent une résistance à l’insuline et des taux d’insuline anormalement élevés pourraient profiter de la prise d’extraits de petits fruits nordiques. La quantité de polyphénols utilisée dans l’étude équivaut, pour un adulte de poids moyen, à moins d’une tasse de baies fraîches par jour. « À cette dose, les effets obtenus sur le taux de triglycérides et sur la sensibilité à l’insuline s’approchent de ce que l’on obtient avec certains médicaments », signale André Marette.
Cette étude a été financée par Sentinelle Nord, un important programme transdisciplinaire de l’Université Laval financé par le Fonds Apogée Canada et visant à supporter l’excellence en recherche, ainsi que par ArcticNet, les IRSC et la fondation J.A. DeSève.
Les auteurs de l’étude sont : Fernando Anhê, Thibault Varin, Mélanie Le Barz, Geneviève Pilon, Stéphanie Dudonné, Jocelyn Trottier, Philippe St-Pierre, Michel Lucas, Mélanie Lemire, Éric Dewailly, Olivier Barbier, Yves Desjardins, Denis Roy et André Marette, de l’Université Laval; Cory Harris, de l’Université d’Ottawa.