Utilisation de la spirométrie incitative pour la prévention des complications pulmonaires à la suite d’une chirurgie
En période post-opératoire les complications pulmonaires sont fréquentes et sont une cause importante de mortalité et de morbidité. Les stratégies de prévention des complications pulmonaires post-opératoire (CPPO) reposent essentiellement sur des exercices respiratoires actifs basés sur l’inspiration maximale et soutenue visant une expansion pulmonaire. La spirométrie incitative est une des stratégies qui à l’aide d’un dispositif vise à faciliter la réalisation des exercices respiratoires. Bien que la SI est une pratique répendue dans les hôpitaux, son utilisation de routine en post-opératoire soulève de la controverse quant à son efficacité. La Direction des soins infirmiers (DSI) du CHU de Québec-Université Laval (ci-après CHU de Québec) et de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (ci-après IUCPQ) ont sollicité leurs équipes en évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé afin d’évaluer l’efficacité et l’innocuité de la spirométrie incitative pour la prévention des CPPO.
Il se dégage des guides de pratique clinique les éléments suivants : 1) la spirométrie incitative et les autres techniques de dégagement des voies respiratoires pourraient avoir des bénéfices cliniques similaires pour la prévention des CPPO, et ce, quel que soit le type de chirurgie; 2) l’utilisation de routine de la spirométrie incitative ne serait pas recommandée pour la prévention des CPPO; 3) la spirométrie incitative devrait être utilisée en combinaison avec d’autres techniques de prévention des CPPO, telles que la mobilisation précoce et les exercices de respiration profonde. Les données probantes disponibles ne permettent pas d’établir la supériorité ou l’infériorité de la spirométrie incitative par rapport aux autres méthodes évaluées pour prévenir les complications pulmonaires à la suite d’une chirurgie abdominale haute, cardiaque ou thoracique. Bien qu’un nombre important d’études (n=20) soient disponibles sur le sujet, les nombreuses lacunes méthodologiques des études limitent la possibilité de porter un jugement éclairé sur la valeur ajoutée de la spirométrie incitative. Au CHU de Québec, la SI est utilisée majoritairement pour les patients présentant des facteurs de risque ou avec des complications pulmonaires. À L’IUCPQ, la SI est utilisée en prévention des CPPO pour l’ensemble des patients hospitalisés.
En considérant les données issues des guides de pratique clinique ainsi que les données expérientielles de l’enquête de pratique, il apparait que l’utilisation de la spirométrie incitative en période post-opératoire doit être considérée plus largement dans le cadre d’une stratégie de soins visant la prévention des risques de complications pulmonaires impliquant plusieurs co-interventions, et ce, dans une perspective de pertinence clinique et de meilleure utilisation des ressources. L’UETMIS recommande à la Direction des soins infirmiers (DSI) du CHU de Québec et à celle de l’IUCPQ de réviser l’utilisation de la SI pour la prévention des CPPO afin de cibler davantage les patients qui pourraient en bénéficier et de mieux définir la place des autres stratégies disponibles. Il est également suggéré de mettre en place des mécanismes veillant à l’applicabilité et au respect de la méthode de soins incluant l’enseignement et la supervision de la spirométrie incitative.