Mesure des résidus gastriques lors de l’alimentation entérale chez les patients hospitalisés à l’unité des soins intensifs
Les patients admis dans une unité de soins intensifs (USI) doivent être alimentés par voie entérale en raison de leur incapacité à consommer des aliments par voie orale. Il est fréquent chez ces patients d’observer des événements d’intolérance gastrointestinale incluant la douleur, la distension abdominale, des vomissements ou des diarrhées. Un volume résiduel élevé dans l’estomac est généralement considéré comme un indicateur d’une vidange gastrique anormale et peut être associé à des risques de pneumonies par aspiration lors d’épisodes de régurgitations ou de vomissements. Ainsi, afin de réduire les risques de vomissement et d’aspiration, les résidus gastriques (RG) sont mesurés de façon régulière pendant la durée de la nutrition entérale (NE). Il persiste actuellement de l’incertitude dans la communauté scientifique en ce qui a trait à la meilleure méthode à utiliser, et à la pertinence de la mesure des RG. Le département de soins intensifs a déposé une demande d’évaluation à l’Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (UETMIS) pour évaluer la pertinence de réviser le protocole de mesure des RG.
L’analyse des données probantes disponibles suggère que l’utilisation de seuils de RG allant jusqu’à 500 ml avant d’arrêter la NE, ou l’absence de mesure des RG, est associée à un risque légèrement plus élevé de vomissement. Parmi les études ayant rapporté les épisodes d’intolérance gastrointestinale, les résultats des études sont contrastés. L’utilisation de seuils de RG allant jusqu’à 500 ml, ou l’absence de mesure des RG, n’est pas associée à un risque plus élevé de pneumonie, de diarrhée, d’augmentation de la durée de séjour à l’USI, du nombre de jours sous ventilation mécanique et de mortalité. Les données recensées dans le présent rapport suggèrent que l’arrêt de la NE à l’atteinte d’un seuil de 250 ml de RG par rapport à l’absence de mesure du volume des RG pourrait engendrer un risque plus élevé de déficit calorique. Selon l’enquête de pratique effectuée auprès des centres affiliés au Réseau universitaire intégré de l’Université Laval, les protocoles de mesure des RG sont hétérogènes. Un peu plus de la moitié des répondants sont d’avis que cette pratique pourrait être abandonnée, ou qu’elle ne devrait pas être utilisée de façon systématique.
Selon l’état actuel des connaissances, l’UETMIS recommande à l’IUCPQ-ULaval de réviser la méthode de soins concernant la mesure des RG lors de la NE chez les patients hospitalisés aux soins intensifs afin de cibler davantage les patients qui pourraient en bénéficier. Il est également suggéré de mettre en place un groupe de travail dont le mandat serait d’identifier les facteurs de risque d’intolérance gastrointestinale justifiant la mesure des RG chez les patients hospitalisés à l’USI dans le but de réviser la méthode de soins.